Bangladesh : rien à manger, et réprimé·es pour protester

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Après avoir été privés de salaire pendant deux mois, 1 100 travailleurs de l'industrie de l'habillement de l'usine A-One BD Ltd. au Bangladesh ont soudainement perdu leur emploi lorsque l'usine a fermé en mars 2020. L'usine fournissait de grandes entreprises de confection telles que Next, Benetton et Arcadia (Topshop) jusqu'à peu de temps avant la fermeture, mais elles avaient toutes cessé leur production. Les travailleur·euses se sont retrouvé·es sans le sou et sans salaire pendant plus d'un an. Cela signifie qu'ils ne peuvent pas payer leur loyer et doivent emprunter de l'argent pour pouvoir se nourrir. Un travailleur, Tahmina Azad, a déclaré au Guardian : "Une fois, pendant deux jours consécutifs, je n'avais rien à cuisiner pour mes enfants."

Les travailleur·euses protestent depuis mars et, à plusieurs reprises, ont été violemment attaqués par la police ou des par des hommes de main, pendant qu’ils et elles défendaient leurs droits. Il est temps que les marques prennent leurs responsabilités et garantissent aux travailleurs des fonds auxquels pouvoir faire appel en cas de licenciement sans les paiements des indemnités qui leur sont dues.

Sri Lanka : la possibilité de se battre pour le paiement intégral est refusée

Au Sri Lanka, les travailleur·euses des usines de confection du pays n'ont reçu ni leur salaire complet ni les primes sur lesquelles ils comptaient pour compléter leur salaire de misère. Dans l'usine Next Manufacturing Ltd, détenue à 100 % par la marque britannique Next, les travailleur·euses ont organisé une grève en décembre 2020, car l'usine a annulé leurs primes de nouvel an. La grève des travailleur·euses a fonctionné et les primes ont finalement été versées. Cependant, par la suite, lorsque les travailleur·euses ont décidé de former un syndicat, la direction de l'usine a refusé de le reconnaître. Malgré les intimidations de la direction, près de la moitié des travailleur·euses ont adhéré au syndicat. Leur lutte se poursuit, pour défendre leurs droits du travail par eux-mêmes contre des entreprises comme Next. La lutte se poursuit également dans les nombreuses usines où les primes ne sont pas payées, comme l'usine Sumithra qui fournit également Next, où les travailleur·euses luttent toujours pour recevoir les primes et les salaires qui leur sont dus. 

Cambodge : salaires et primes dus, les syndicats ripostent

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Au Cambodge, plus de 1 200 travailleur·euses de l'habillement ont perdu leur emploi en juillet 2020 lorsque l'usine Violet Apparel a soudainement fermé. En réaction, les travailleur·euses ont exigé des indemnités, ainsi que les primes qui leur étaient légalement dues et les salaires impayés. Nike et Matalan font partie des entreprises liées à l'usine. Nike prétend avoir mis fin à ses relations avec l'usine en 2006, mais les photos et les témoignages des travailleur·euses montrent que l'usine produisait des vêtements Nike en tant que fournisseur sous-traitant pendant des années. Ong Chanthoeun, une leader syndicale qui a travaillé dans l'usine pendant 17 ans, a expliqué à ABC News combien la vie est devenue difficile : "C'est difficile de trouver de l'argent pour la scolarité de mon enfant ou pour payer la banque, ou pour un traitement médical quand ma famille est malade". Elle poursuit son combat pour la justice. Nike et Matalan n'ont jusqu'à présent pas assumé leurs responsabilités.

Au Cambodge, les syndicats mènent également une action coordonnée pour récupérer les salaires perdus pendant la pandémie. Au moment des fermetures, les travailleur·euses arrêté·es temporairement recevaient une aide maximale de 70 dollars par mois, dont 30 dollars étaient payés par leur employeur et 40 dollars par le gouvernement - soit moins de 40 % du salaire minimum. Le versement des primes a été reporté, ce qui a laissé les travailleur·euses encore plus démunis. Les syndicats se sont tournés vers les marques qui s'approvisionnent dans le pays, les exhortant à prendre leurs responsabilités et à combler le vide. Ces marques et enseignes ne peuvent pas laisser leurs travailleur·euses sous-payés !